C’est à la suite d’un grand voyage à travers le monde que l’industriel Émile Guimet (1836-1918) fonda le musée parisien qui porte son nom. Retour sur l’histoire qui mena à la réalisation de ce vaste projet culturel, aujourd’hui reconnu comme l’un des plus importants centres d’arts asiatiques.
Un musée né des rêves d’un collectionneur érudit
C’est en 1876 que Émile Guimet, féru d’art et de science, entame un voyage initiatique dans le but de fonder un musée sur les religions. Dès 1879, de retour de son périple en Égypte, en Grèce et en Extrême-Orient, il présente à Lyon une riche collection artistique. L’édifice qui lui est consacré, bien que non achevé, est inauguré par Jules Ferry cette même année. Il sera ensuite transféré à Paris, après avoir obtenu le titre d’Institution nationale en 1885. Le musée fait la part belle aux collections asiatiques, même si les religions de l’ancienne Égypte forment une section à part entière. À cette époque, les arts de l’Asie sont déjà bien présents dans la capitale. Au Musée indochinois du Trocadéro, les visiteurs découvrent l’art khmer, avec des pièces rapportées par l’explorateur Louis Delaporte de ses expéditions au Siam et au Cambodge. Le Louvre présente quant à lui des objets de Chine et du Japon, prémices du futur département consacré aux arts asiatiques. Émile Guimet continue de diriger le musée, jusqu’à sa mort en 1918.
La place croissante des arts asiatiques au Musée Guimet
Les religions de l’antiquité occupent une place de plus en plus restreinte à la fin du XIXe siècle. Émile Guimet leur préfère les collections coréennes réunies par Charles Varat, ou encore les objets d’art tibétain que rapporte Jacques Bacot. En 1927, l’institution fait partie de la Direction des musées de France. Elle bénéficie du transfert des œuvres du Musée indochinois du Trocadéro. Les explorateurs Paul Pelliot et Édouard Chavannes fournissent des objets d’Asie centrale et de Chine. Durant cette décennie, la Délégation Archéologique Française en Afghanistan approvisionne également le Musée Guimet. Cette période marque le début de la renommée du bâtiment pour la présentation des arts asiatiques. Un échange fructueux avec le Musée du Louvre vient renforcer sa riche collection. Il devient alors l’un des plus grands lieux culturels traitant des civilisations orientales.
Un siècle d’enrichissement et de transformation
Entre 1954 et 1965, sous la direction de Philippe Stern, les activités scientifiques, les archives et la bibliothèque du Musée Guimet se développent. Puis, c’est au tour de la section de l’Inde classique de s’étoffer, tandis que des travaux d’envergure permettent d’agrandir l’édifice. En juillet 1979, la bibliothèque et la toiture accèdent au titre de monuments historiques. Les directeurs successifs continuent d’enrichir les collections par leurs connaissances des régions indo-pakistanaises, chinoises ou encore japonaises. L’ouverture en 1991 du Panthéon bouddhique illustre l’intérêt croissant des Européens pour la culture asiatique. À partir de 1993, une rénovation de grande ampleur vise à permettre au Musée Guimet d’asseoir son hégémonie parmi les centres spécialistes des civilisations d’Extrême-Orient. La muséologie progresse pour répondre aux exigences des visiteurs. Grâce au travail des architectes Henri et Bruno Gaudin, les œuvres bénéficient d’une nouvelle mise en lumière qui les valorise tout en favorisant leur conservation.
L’institution culturelle – aujourd’hui dénommée Musée National d’Arts Asiatiques Guimet (MNAAG) – présente cinq millénaires d’objets archéologiques et d’arts anciens issus de la civilisation asiatique. Elle organise également des expositions temporaires contemporaines, ainsi que des évènements de qualité mettant en valeur la danse, la musique et le cinéma d’Asie.
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